Instructrice de slackline, physiothérapeute et yogini. Détentrice de plusieurs records dans le domaine de slackline. Elle gère son propre site slacklife-therapy où elle offre une thérapie unique par l’intermédiaire de ces trois professions. Plus récemment, elle a également lié son nom à notre marque, parce qu’elle considère que les aliments sains sont la base d’une vie saine et contente. Nous lui avons demandé non seulement comment se tenir debout sur un slackline, mais aussi comment trouver un équilibre dans la vie.
Vous dites qu’en pratiquant de la slackline vous avez appris pas mal de choses qui vous servent dans la vie quotidienne. À quoi ressemblent-elles?
Pour moi le slaclining est une philosophie de vie. Marcher sur une slackline n’est pas seulement de passer du point A au point B, c’est surtout le passage lui-même. L’highline (slackline tendue en hauteur), c’est de l‘équilibre. D’un équilibre physique, mais aussi de la sérénité intérieure. Si, en passant, vous tombez, mais vous ne cessez pas de vouloir rejoindre le point B, il faut de la motivation pour se redresser. Avancer petit à petit, pas à pas. Respirer régulièrement. Savourer le moment où vous êtes debout.
Vous avancez, vous simplement êtes. Quand la slackline est très instable, j’essaie de ne pas maintenir de tension inutile sur mes épaules et je souris ! Tout va mieux avec un sourire. Et ça marche tout à fait. La tension des muscles du visage se relâche et parfois c’est bien de ne pas se prendre si au sérieux. Et tout d’un coup, tout marche et vous ne savez même pas comment vous êtes arrivés au point B. J’ai appris cela sur l’highline, mais je m’en sers aussi dans ma vie. Et habituellement ça fonctionne. Bonnement et simplement, je vis ma vie „slacklife“.
Vous souvenez-vous de la première fois que vous vous êtes levée sur une slackline ?
La toute première fois que j’ai essayé la slackline, je m’en souviens peu. Par contre, j’ai des souvenirs encore vifs sur la première position sur l’highline. C’était en 2011, lors d’un festival à Lubline, en Pologne. L’highline a été tendue depuis la mairie locale et les gens marchaient sous moi. J’étais assez nerveuse, mais un ami m’acheté un tournesol pour me faire penser à de belles choses. Alors, je y suis allée, j’y suis restée assise pendant un certain temps en essayant de trouver mon équilibre. Je n’y étais pas très bien.
Mais pourtant je me suis dit que j’essaierais de toute façon. Je me levai. J’étais tellement excitée de me tenir debout que j’ai oublié de respirer et je suis tombée dans la chaîne de sécurité. Ensuite, nous avons fait du spectacle à l’auditoire, quand le même ami essayait de m’expliquer en allemand-accentu anglais comment revenir de la chaîne de sécurité sur la slackline et son ancrage. C’était une expérience incroyable et dès lors je savais simplement qu’il y a quelque chose d’attirant sur ce sport-là.
Qu’est-ce qui était pour vous si enthousiasmant sur la ligne ?
Je suis une fille du sud de la Bohême. Quand j’étais une petite fille, j’avais l’habitude de jouer avec mes amis dans les champs, de faire du vélo, de grimper des arbres, mais le fait qu’un jour, je m’équilibrerais entre deux rochers ou même des montagnes ne m’est jamais arrivé à m’esprit, même pas dans mes rêves les plus audacieux. J’ai toujours été un grand rêveur.
Quand je réussis de me lever, d’avancer ou de ressentir ce sentiment de simplement marcher dans les airs, je suis heureuse. C’est le genre de joie que nous avions lorsque nous étions petits enfants ayant une mission secrète, peut-être sans importance pour le monde, mais pour nous elle l’était. Et quand nous l’avons accomplie, nous étions tous les vainqueurs. Autant je suis heureuse lorsque je fais de la slackline et la petite fille, que j’étais une fois, simplement rit.
Que se passe-t-il dans votre tête quand vous êtes au-dessus d’un gouffre terrible, juste vous, la ligne et l’espace autour de vous ?
Cela dépend beaucoup de l’endroit et des gens. J’ai bien peur des hauteurs. Parfois plus et parfois moins. J’ai aussi appris à travailler avec la peur, c’est donc différent par rapport au début. Ce que j’essaie de faire le plus, c’est de ne pas penser aux choses inutiles avant d’aller à la ligne. Je vérifie ce qui est important et je tiens à m’y concentrer. Ensuite, j’essaie juste de profiter du moment. Quand j’ai peur, je me dis que c’est juste de la peur. Je m’encourage et je me dis que j’ai déjà fait tout cela mille fois et que le corps saura quoi faire, il faut simplement se donne une chance.
Puis, quand je marche, j’essaie d’en profiter. L’endroit où je suis. L’espace et que c’est super d’être capable équilibrer sur une sangle aussi mince. Combien de fois je me demande comment je peux faire tout ça ayant toujours été si peureuse. Mais j’ai appris que lorsque nous craignons quelques choses, nous imaginons généralement que les choses soient bien pires qu’en réalité. Notre imagination a des possibilités illimitées et ça fait la peur grandir. Alors j’essaie de tout essayer, même si j’ai peur de la hauteur. La plupart du temps, je trouve que ce n’est pas si difficile et j’apprécie ma capacité de faire les choses que je n’aurais jamais imaginées d‘avoir le courage de faire.
Rflète la ligne votre vie intérieure ?
Dans mon cas, certainement oui. Parfois, nous disons qu’il est bon de laisser le cerveau sur le rocher. Puisque quand on pense trop à quelque chose ou qu’on s’inquiète de quelque chose, on perd sa concentration. Il faut se concentrer sur la ligne pour ne pas tomber. Auparavant, quand je me désolais ou je ne me croyais pas, même pour les choses ne concernant pas la slackline, cela influençait la concentration sur la slackline. Je me mettais debout, faisais quelques pas et m’asseyais. Je n’étais pas capable de me concentrer et j’avais la tête pleine d’autre chose. Je ne donnais pas d’attention à l’highline et au fait où je devrais me régaler.
Quelle est votre recommandation pour les gens comme moi, qui trouve la ligne complètement insaisissable ? Alors que j’essaie de me tenir là-dessus, elle commence à osciller et c’est la fin, pas un pas :) …
Aah, cette question m’a fait plaisir, parce que je me serais posé la même question il y a dix ans. Au début, il est tout à fait normal qu’elle secoue, l’important c’est de se rendre compte que la plupart du temps vous secouez la ligne vous-même, puis qu’il est également important de respirer. Parfois, quand vous tremblez, vous oubliez de respirer. Cela n’aide rien. Respirez donc. Eh bien, alors retentez.
Quelle est la plus grande erreur quand on est sur la ligne ?
Je ne sais pas si c’est la plus grande erreur, mais je le remarque souvent chez les débutants. Parfois, vous essayez trop d’y mettre l’autre pied, d’y aller et de bouger que vous oubliez complètement que l’essentiel c’est de trouver l’équilibre. Parfois, cela prend plus de temps, parfois, cela marche toute de suite, mais ce moment d’équilibre y est toujours présent. Il s’agit juste de le trouver et de le maintenir.
Marcher dans les hauteurs, équilibrer, tout cela semble très beau, insaisissable et attrayant. Y a-t-il quelque chose derrière ? Comme quand de belles ballérines ont des pieds moches et dévastés ?
Au début, j’avais beaucoup d’ecchymoses sur les jambes. Quand la période d’highline commençait, on recommandait plutôt d’attraper le slackline avec des mains ou des pieds et éviter ainsi de tomber dans la chaîne de sécurité. Il y a quelques années, le slacklining a connu beaucoup de croissance, beaucoup plus de gens ont commencé à pratiquer ce sport, le record mondial augmente tous les quelques mois et pas la suite de grandes lignes sont devenues plus recherchées. Il y avait donc naturellement plus de chutes dans la chaîne de sécurité.
Moi aussi, j’ai appris à comment tomber dans une chaîne de sécurité et j’ai donc moins d’ecchymoses. Mais à part de cela, il y en a eu des blessures. On m’a cousu la cheville, je me suis cassé le bras et je me suis cassé les côtes une fois, non directement sur l’highline, mais pendant une chute en montant sur l‘highline. Heureusement, j’étais attachée, alors ce n’était que les côtes et une nuit en larmes puisque chaque aspiration me faisait mal comme si on me clouait un clou dans le diaphragme. Alors je me suis plainte et puis ça est allé mieux.
Avez-vous des buts ou des rêves concernant la pratique de la slackline ? Qu’est-ce qui pourrait être – et y a-t-il enfin – le but le plus désirable pour les slacklineurs ?
Actuellement, j’en ai beaucoup de rêves et d’objectifs concernant le slackline. Un rêve, c’était de traverser 100 m sur une highline. J’y suis réussie l’année dernière. Quelques mois plus tard, j’ai même découvert d’avoir été la première Tchèque à le faire, ce que je ne m’attendais absolument pas. Je l’ai donc fêté deux fois. Cette année, j’ai augmenté mon record personnel deux fois, donc si je pourrai marcher sur de plus longues lignes, je ne protesterai pas. J’essaie toujours de m’améliorer et d’apprendre de nouvelles choses en m’entraînant. Il y a toujours beaucoup de choses que je ne maîtrise pas encore et où je peux m’améliorer.
Un autre de mes rêves, c’est mon projet nommé Slacklife-therapy. Quand je suis entrée dans le monde de slackline, j’ai commencé par me demander ce qu’il fallait faire de ma vie et j’ai trouvé cela un peu égoïste de n’être qu’une slackliniste profesionnelle. On ne met l’accent que sur sa formation, ses projets et c’est un mode de vie relativement égoïste. Quand je réfléchissais sur ce que je pourrais faire et que je savais faire, c’était résolument la physiothérapie et le slacklining. J’ai voulu faire quelque chose qui aurait un peu plus de sens.
En tant que thérapeute physique, je vois des gens dans la douleur tout le temps. Nous sommes en quelque sorte arrivés à faire face à la douleur. Il est tout à fait normal que quelqu’un me dise que son dos lui fait du mal depuis des années, mais que maintenant cela l’empêche vraiement de bouger. Il me semblait de guérir un mal et d’obtenir d’autres 100 personnes mentionnant toujours les mêmes raisons, une fausse position debout, une fausse position assise, on ne mange pas correctement ou pas assez, on ne bouge pas assez. Combien de fois les gens se blessent-ils et ils ne le savent même pas. Notre corps est un moyen incroyable de profiter de la vie, mais dans la plupart des cas, nous ne savons pas l’utiliser correctement. C’est le manque de prévention et d’éducation.
La slackline est un excellent outil diagnostique, un œil bien formé voit immédiatement où se trouve votre déséquilibre. J’ai trouvé donc une excellente façon de combiner le plaisir et l’utile. La slackline permet de faire des exercices et de différents types de musculation, d’étirement ou de stabilisation des articulations. Ma vision est de parler de la posture appropriée et de la façon dont nous percevons et écoutons notre corps par l’intermédiaire du slackline et du yoga. Tout fonctionne mieux en améliorant la posture et tant de fois, même le slackline bouge mois. Il est simplement incroyable à quel point tout est connecté.
Vous êtes physiothérapeute. Exercez-vous cette profession ?
Oui, je fais de la physiothérapie. Je n’ai jamais voulu être enfermée dans un cabinet médical toute la journée, mais la physiothérapie, je l’aime beaucoup. Plus tard, j’ai trouvé une solution parfaite. Je fais de la physiothérapie dans les montagnes. En hiver, j’aide les gens qui tombent sur les pistes de ski. Pendant l’été, je substitue les physiothérapeutes en congé en France. Cela me permet d’être un peu mon propre maître, donc j’ai encore le temps pour la slackline, le yoga et d’autres loisirs préférés. J’essaie aussi de maintenir un équilibre entre le temps que je passe avec les autres et le temps pour moi-même.
Le slackline, est-ce un bon sport du point de vue de la physiothérapie ?
Décidément oui. J’ai écrit une étude sur ce sujet-ci lorsque je faisais mes examens d’entraîneur de slackline. Bien sûr, comme pour tout ce qui se passe dans la vie, on peut se blesser en pratiquant la slackline. Mais en dehors de cela, c’est vraiment un sport magnifique. Il convient aux pique-niques pour les familles avec les enfants, mais aussi pour les amateurs d’adrénaline. On peut en profiter pour l’entraînement, la réhabilitation, mais aussi pour le plaisir. Et moi, personnellement, si les conditions de travail me le permettent, je le ramène avec moi aussi. Mes patients sont habitués à pratiquer la slackline avec moi. Je recommanderais, qu’il soit aussi utilisé comme un instrument de réhabilitation dans les cabinets des physiothérapeuts.
Vous faites aussi du yoga. Pourriez-vous trouver trois asanas supérieurs qui ont des avantages maximaux et dont la pratique quotidienne peut réellement améliorer la vie ?
Tout d’abord, je mentionnerais la respiration. Le yoga, c’est beaucoup de la respiration et il est important d’apprendre à respirer correctement. La plupart des gens respirent complètement à l’invers. Donc ce n’est pas de l’asana. Je recommanderais sûrement : respirez correctement et du coup vous aurez plus d’énergie et souvent même votre humeur s’améliore.
Ensuite, la position du chien en bas, l’adhomukasvanasana, et puis la position du guerrier, le virabhadrasana. Ce sont certainement les asanas que je recommende le plus souvent à mes patients. Dans tous les cas, l’essentiel c’est de se le faire expliquer par une personne expérimentée et de le faire correctement. À présent, il y en a tellement de vidéos de yoga en ligne que cela commence à perdre de sa véritable philosophie de yoga.
Généralement – quelle est la plus grande erreur que les gens commettent aujourd’jui à l’égard de leur santé ?
Je suppose qu’ils la tiennent pour acquis. Ils poursuivent beaucoup de choses, mais il n’y a pas le temps pour la santé. Puis soudain, quand quelque chose ne marche pas, ils se rendent compte combien de choses, qu’ils poursuivaient, étaient insignifiantes et en fait inutiles. Alors, ne prenons pas la santé comme acquis et ne comptons pas sur un médecin, un physiothérapeute ou un guérisseur pour nous guérir. Notre santé est notre responsabilité. Personne d’autre ne puisse savoir comment vous vous sentez dans votre corps.
Il est important d’apprendre à écouter notre corps et à travailler avec les informations que le corps nous fournit. C’est ce que nous devrions enseigner à nos enfants. Comment s’occuper de la santé, tant physiquement que mentalement. Sur Internet, par contre, ils peuvent trouver par exemple quand est mort Napoléon. Le système fonctionne à l’envers, malheureusement.
Et s’il y avait une chose que vous pourriez recommander aux gens pour améliorer la qualité de leur vie, pour les rendre heureux et content, à quoi ressemblerait-elle ?
Je pense qu’il vaut la peine d’apprendre à pouvoir regarder les choses d’un point de vue différent. Du point de vue d’un ami, d’un parent, d’un enfant ou de mon propre point de vue. Cela nous permet de ne pas prendre les choses trop personnellement. Gagner un certain détachement. Ou au moins c’était ce qui m’a aidé. Je n’ose pas me mettre en mesure de dire que c’est une recette absolue pour le bonheur. Cependant, il y a quelque chose de vrai sur le fait que chacun d’entre nous crée sa propre réalité. Certains imaginent une pomme toujours rouge, d’autres toujours verte. Donc, quand je suis triste ou malheureuse, je cherche à regarder les choses d’un point de vue différent, de voir le côté positif qui peut m’enrichir. De ne pas gaspiller d’énérgie sur les aspects négatifs. J’essaie simplement d’examiner la situation d’une autre perspective. Il y a toujours un point de vue plus ou moins attirant.
.